Réunissant les acteurs clés de l’industrie du BIM et du BIM GEM, le BIM World est l’un des événements phares dédiés au Building Information Modeling (BIM) à Paris. Cet événement est l’occasion de découvrir les dernières tendances, innovations et avancées dans le domaine de la modélisation des données du bâtiment.
Le Building Information Modeling (BIM) représente bien plus qu’une simple technologie de modélisation. C’est une révolution dans le secteur de la construction, transformant fondamentalement la manière dont les projets sont conçus, exécutés et gérés. Au cœur de cette transformation, nous avons vu apparaître le BIM GEM, jumeau numérique simplifié et adapté pour piloter les activités de gestion d’un patrimoine immobilier et d’exploitation-maintenance d’un bâtiment ou d’une infrastructure.
Dans ce contexte, les opportunités de cas d’usages offerts par le BIM sont vastes et variées. De la conception collaborative en passant par la maintenance des infrastructures jusqu’à la plateforme de données, le BIM ouvre de nouveaux horizons pour les entreprises du secteur. En permettant une meilleure collaboration entre les parties prenantes, une réduction des coûts et des délais, ainsi qu’une amélioration globale de la qualité des projets, le BIM est devenu un moteur de croissance et d’innovation pour les entreprises qui savent en tirer parti.
Beaucoup de choses ont été dites durant ces deux jours et de nombreux experts ont été présents pour en parler : voici ce qu’il fallait retenir de cette nouvelle édition pour 2024.
Intelligence artificielle : usages et éthiques
L’intelligence artificielle (IA) représente une révolution majeure dans de nombreux secteurs, y compris dans l’industrie de la construction, comme en témoignent les discussions lors du BIM World. Les usages de l’IA dans le domaine du BIM sont variés et prometteurs : de la détection des conflits dans les modèles 3D à l’optimisation des processus de planification et de gestion de projet, en passant par la prédiction des performances énergétiques des bâtiments.
Cependant, ces avancées technologiques soulèvent également des questions éthiques importantes, notamment en ce qui concerne la protection des données personnelles, la transparence des algorithmes et l’impact sur l’emploi. Les conférences du BIM World ont ainsi mis en lumière la nécessité d’intégrer des considérations éthiques dès la conception des solutions basées sur l’IA, afin de garantir leur utilisation responsable et respectueuse des valeurs humaines.
L’IA offre des opportunités significatives pour améliorer l’efficacité et la durabilité de l’industrie de la construction, mais son déploiement doit être encadré par des principes éthiques solides pour préserver les intérêts de toutes les parties prenantes.
L’atout du numérique – “Le numérique devient un levier de certification”
Gestion de la donnée et sa valorisation
Le numérique permet une gestion plus efficace des données liées aux processus de certification. Les outils de gestion de la donnée permettent de collecter, stocker et analyser des volumes importants d’informations, facilitant ainsi la traçabilité et la documentation nécessaires à la qualité. De plus, en valorisant les données grâce à des techniques d’analyse avancées – via des plateformes de données en autre – les organisations peuvent identifier des anomalies, intervenir sur leur parc et prendre des décisions éclairées, renforçant ainsi leur démarche de qualité.
Partage de la gouvernance pour avancer
La qualité de la donnée implique souvent la collaboration entre plusieurs parties prenantes, chacune ayant son rôle à jouer dans le processus. Le numérique facilite le partage de la gouvernance en permettant une collaboration plus étroite entre les acteurs impliqués. Les plateformes de données simplifient la coordination et la communication entre les parties prenantes, favorisant ainsi une approche collaborative et transparente de la certification – le tout reposant sur une standardisation des modèles de travail. Car là est tout l’enjeu de la gouvernance, qui repose contractuellement sur un accord tripartite :
- le fournisseur ou prestataire de services, fabricant d’équipement, ou promoteur / constructeur en tant que producteur des données ou fabricant d’un équipement producteur de données;
- le propriétaire / gestionnaire immobilier ou la collectivité territoriale en tant que consommateur des données ;
- le tiers mandaté pour opérer le partage des données.
Pour aller plus loin : 5 points clés de la gouvernance de données
Désilotage de la donnée
Mais au-delà des opportunités de business, le BIM engendre également des changements de vision au sein des organisations. Car oui, les silos de données sont encore une réalité pour bien des industries. Les départements ont historiquement l’habitude de travailler sur leurs propres dossiers, avec leurs propres outils et sans les préparer au partage. Or, le BIM remet en question les pratiques traditionnelles et encourage l’adoption de nouvelles approches axées sur la collaboration, la durabilité et la performance. Accompagné d’une plateforme de données communes, il aide à mieux faire circuler l’information dans toute l’entreprise : les applications, appartenant autrefois à des plateformes propriétaires séparées, ont formé au fil du temps des couches systèmes hétérogènes et peu communicantes. Il est donc temps de s’affranchir de ces contraintes et d’engager l’ensemble des acteurs.
Pour aller plus loin, découvrez le point de vue de Benjamin ULRICH, Président et Fondateur d’Intent Technologies lors de notre webinaire “ Retour d’expérience sur 10 ans d’utilisation de la donnée“– Webinaire diffusé dans le cadre du Digital Habitat 2024.
Interopérabilité des formats pour les infrastructures : ce qu’il faut savoir
Dans un monde où les données sont souvent dispersées et stockées dans des formats variés, l’interopérabilité des formats devient essentielle pour garantir l’efficacité des processus de certification. Le numérique offre des solutions pour surmonter les défis liés à l’interopérabilité, en permettant la conversion, la normalisation et l’intégration des données provenant de sources diverses. Cela garantit la cohérence et la fiabilité des données utilisées dans le cadre des certifications, renforçant ainsi leur crédibilité et leur validité.
Les standards Open BIM : continuité numérique des données
Les standards Open BIM jouent un rôle essentiel dans la continuité numérique des données dans le secteur de la construction. Lors du BIM World, plusieurs conférences ont mis en avant l’importance de ces normes pour garantir l’interopérabilité entre les différents logiciels et plateformes utilisés dans le processus de construction. En adoptant des standards ouverts, tels que IFC (Industry Foundation Classes) et COBie (Construction Operations Building Information Exchange), les acteurs du secteur peuvent s’assurer que les données peuvent être échangées et partagées de manière transparente tout au long du cycle de vie du projet.
Cela permet une meilleure collaboration entre les différentes parties prenantes, une réduction des risques d’erreurs et une amélioration de l’efficacité globale du processus de construction. En outre, les standards Open BIM favorisent l’innovation en permettant l’intégration de nouvelles technologies et solutions au sein de l’écosystème BIM et BIM GEM. Ils contribuent ainsi à la création d’une infrastructure numérique robuste et pérenne pour l’industrie de la construction, soutenant la transition vers des pratiques de construction plus durables et efficaces.
Décloisonnement des équipes et partage de la donnée
Lors du BIM World, plusieurs intervenants ont souligné l’importance de briser les silos organisationnels et de promouvoir une culture de collaboration entre les différents acteurs du projet. Le partage de la donnée, notamment à travers l’utilisation du BIM, permet de centraliser toutes les informations relatives à un projet de construction et de les rendre accessibles à l’ensemble des parties prenantes, qu’il s’agisse des architectes, des ingénieurs, des entrepreneurs ou des clients.
“ Il est essentiel de rendre la donnée utile et utilisée” – Dominique GATTO, fondateur de SBLM et du Village Innovation
Cet accès à la donnée – par tous – favorise la coordination des travaux, réduit les risques d’erreurs et de conflits, et améliore la prise de décision tout au long du cycle de vie du projet. En outre, le décloisonnement des équipes permet de stimuler l’innovation en favorisant les échanges d’idées et en encourageant la créativité collective. Les entreprises qui investissent dans des outils et des processus facilitant le partage de la donnée et la collaboration entre les équipes sont ainsi mieux armées pour saisir les opportunités de croissance dans un marché en constante évolution.
La nouvelle SGP (société des grands projets) : ses attentes d’intégration BIM
La nouvelle Société des Grands Projets (SGP) s’inscrit dans une ère de transformation numérique, où le Building Information Modeling (BIM) occupe une place centrale. Ses attentes en matière d’intégration BIM sont multiples et visent principalement à améliorer la gestion des projets, à optimiser les processus de conception et de construction, et à garantir la qualité et la durabilité des infrastructures.
Pour la SGP, le BIM représente bien plus qu’un simple outil de modélisation ; il constitue une véritable méthode de travail collaborative, permettant de rassembler l’ensemble des données et des intervenants d’un projet dans un environnement numérique commun. Ces nouveaux usages viennent apporter des réponses permettant d’améliorer la qualité, des nouveaux cas d’usage mais également des nouveaux processus à déployer. En intégrant le BIM à ses processus, la SGP vise à optimiser la coordination entre les différentes parties prenantes, à réduire les erreurs et les retards, et à assurer la conformité aux normes et aux réglementations en vigueur.
Nouveaux usages : Intégration des IRVE (Infrastructure de Recharge de Véhicule Électrique) et process BIM
L’intégration des IRVE dans les villes s’inscrit dans une volonté croissante de promouvoir la mobilité durable et l’électrification des transports. En facilitant l’installation et la gestion des bornes de recharge électrique au sein des projets de construction, le BIM offre une solution innovante pour répondre aux besoins émergents de mobilité électrique.
Les IRVE ne se limitent pas aux parkings résidentiels ou commerciaux. Elles peuvent également être intégrées dans des projets d’aménagement urbain plus larges, tels que les quartiers durables ou les espaces publics. En utilisant le BIM pour planifier et concevoir l’implantation des bornes de recharge, les urbanistes et les fabricants peuvent optimiser l’utilisation de l’espace et créer des environnements urbains plus conviviaux et durables.
Néanmoins, pour que cette intégration se fasse sans couture, il est nécessaire – voir indispensable – de favoriser l’interopérabilité entre ces différents acteurs. Les plateformes BIM offrent la possibilité d’avoir accès à un socle commun pour échanger des données et des informations ; de quoi faciliter la mise en œuvre des IRVE dans les projets de construction et d’aménagement.
Vous souhaitez recevoir plus d’articles comme celui-ci ?