Alors que le changement climatique s’accélère et que la consommation énergétique des bâtiments représente près de 45 % de l’énergie finale en France, la question de leur rénovation devient centrale. Une étude récente menée par l’Institut de l’Économie pour le Climat (I4CE) met en lumière une réalité souvent sous-estimée : ne rien faire, ou attendre, coûtera beaucoup plus cher que d’agir dès maintenant.
Cet article explore les résultats de ce rapport de cadrage macroéconomique et budgétaire publié en février 2025. L’objectif : montrer que l’inaction dans le secteur du bâtiment ne serait pas seulement une erreur écologique, mais également une faute économique majeure.
Pourquoi rénover le parc bâti est une urgence économique et climatique
Un poids énergétique et climatique considérable
Les bâtiments représentent 45 % de l’énergie finale consommée en France et 23 % des émissions de gaz à effet de serre. Cela signifie que toute stratégie de neutralité carbone d’ici 2050 doit passer par leur rénovation massive. Les logements mal isolés sont notamment responsables de pertes thermiques massives, d’une surconsommation d’énergie et de conditions de vie dégradées.
Une précarité énergétique en hausse
Près de 5 millions de foyers français sont en situation de précarité énergétique. Ces ménages, souvent modestes, doivent faire des choix entre se chauffer correctement ou subvenir à d’autres besoins essentiels. Une rénovation ciblée permettrait d’améliorer leur qualité de vie, tout en réduisant les coûts sociaux (santé, aides publiques).
L’effet déclencheur sur les autres secteurs
L’efficacité énergétique des bâtiments a un effet d’entraînement sur d’autres secteurs : le bâtiment, l’énergie, la santé, le marché du travail. Un secteur performant permet de soutenir l’activité économique et l’innovation, notamment dans les énergies renouvelables et les technologies du bâtiment intelligent.
Les scénarios économiques : rénover aujourd’hui ou payer demain
Le scénario d’action : investir pour économiser
I4CE préconise un investissement progressif pour atteindre 22 milliards d’euros par an d’ici 2040. Ces investissements incluent :
- La rénovation globale de 700 000 logements par an,
- Le renforcement de la performance énergétique des bâtiments publics,
- L’amélioration du cadre réglementaire (obligation de performance minimale).
Ce scénario est rentable sur le long terme car il génère des gains multiples : économies d’énergie, emplois locaux, hausse du pouvoir d’achat, réduction des dépenses sociales.
“ Par exemple, un gestionnaire d’actif dans l’incapacité d’appréhender les risques et opportunités sur la vie de ses bâtiments prendrait le risque de les laisser se dégrader ou de réduire leur qualité de fonctionnement, par manque d’optimisation.” – CEREMA – Mars 2025
Concrètement, l’inaction entraîne des conséquences à plusieurs niveaux :
- Patrimoniales : des actifs tertiaires ou résidentiels non conformes deviendront inexploitables. Leur vacance augmente, leur valeur foncière baisse, et les coûts de mise aux normes explosent.
- Énergétiques : l’utilisation persistante d’énergies fossiles renchérit les charges, expose à la volatilité des prix et alourdit l’empreinte carbone. À cela s’ajoute une inadéquation croissante avec les attentes des usagers et les engagements RSE.
- Humaines : les occupants — agents, salariés, locataires — subissent directement les conséquences du retard : inconfort thermique, pathologies liées à l’humidité ou à la canicule, perte de productivité… autant de signaux faibles qui deviennent des risques avérés.
Le CEREMA chiffre le surcoût de l’inaction à 30 milliards d’euros à horizon 2040 pour le parc résidentiel. Cette dette, bien qu’invisible aujourd’hui, devra être payée demain sous forme d’interventions d’urgence, de dépenses de santé publique ou de contentieux locatifs. C’est un coût que ni les bailleurs, ni les collectivités, ni les entreprises ne peuvent plus se permettre d’ignorer.
C’est pourquoi chaque euro investi dans la performance énergétique aujourd’hui est un investissement stratégique. À condition de savoir où et comment l’investir, avec des outils adaptés.
Structurer le financement et simplifier l’accès aux dispositifs pour les professionnels
Dans le secteur tertiaire et du logement social, l’accélération de la rénovation énergétique repose avant tout sur des mécanismes de financement adaptés et lisibles. Aujourd’hui, les aides existantes (CEE, éco-prêt, fonds verts, accompagnement de l’ADEME) sont souvent perçues comme complexes et peu opérationnelles à grande échelle.
Il est donc nécessaire de :
- Simplifier les procédures d’accès aux aides pour les gestionnaires de patrimoine, notamment en harmonisant les conditions et en limitant les ressaisies.
- Favoriser les montages financiers multi-acteurs (collectivités, bailleurs, AMO, énergéticiens) pour porter des projets de rénovation performante sur des ensembles de bâtiments.
- Accélérer le fléchage des financements européens et nationaux vers les patrimoines publics et sociaux, en priorisant les zones à fort potentiel de gains énergétiques ou en situation de précarité.
La structuration des projets à travers des plateformes de gestion patrimoniale comme IntentPlatform permet de centraliser les données, suivre les engagements contractuels, automatiser la remontée d’indicateurs de performance et ainsi mieux démontrer l’impact des investissements engagés, ce qui devient un critère clé d’obtention des aides publiques.
Mobiliser l’ensemble des parties prenantes
La réussite d’un plan de rénovation énergétique repose sur la coordination entre acteurs :
- Les collectivités territoriales peuvent identifier les îlots prioritaires et mobiliser les opérateurs locaux.
- Les professionnels du bâtiment doivent être mieux formés aux spécificités des rénovations performantes.
- Les entreprises du numérique, comme Intent Technologies, peuvent structurer et centraliser les données pour assurer un pilotage efficace des chantiers et garantir un suivi dans la durée.
Replacer la rénovation au cœur du projet de société
Il est essentiel de faire de la rénovation un sujet collectif :
- En montrant son impact immédiat sur la santé, le confort et la facture énergétique des ménages.
- En valorisant les retombées positives sur l’emploi, l’économie locale et la qualité de vie.
- En l’intégrant dans les politiques d’aménagement durable des territoires : ville résiliente, réversibilité des usages, lien social renforcé.
La communication autour de ces enjeux doit être proactive, pédagogique et mobilisatrice.
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Conclusion
Ne pas engager aujourd’hui une dynamique forte de rénovation énergétique dans le parc immobilier collectif et tertiaire, c’est accepter de voir exploser demain les coûts de fonctionnement, les tensions locatives et les déséquilibres budgétaires. Le rapport I4CE le démontre clairement : retarder les investissements, c’est s’exposer à une facture sociale, économique et environnementale bien plus lourde.
Mais passer à l’action suppose de structurer ses données, de coordonner ses parties prenantes et de piloter ses engagements dans la durée. Pour les bailleurs sociaux et les gestionnaires d’actifs immobiliers, IntentPlatform joue ici un rôle central : en permettant une vision unifiée des équipements, des consommations et des prestataires, elle aide à mieux planifier, mieux décider, et mieux justifier les investissements de rénovation auprès des partenaires financiers comme des locataires.
C’est en outillant cette transition que les acteurs du logement social et du tertiaire pourront relever les défis de 2025… et au-delà. La rénovation ne doit plus être un fardeau, mais un levier stratégique de performance, de confort et de résilience collective.
Etude et rapport “Agir ou ne pas agir sur le bâtiment, Prise en compte des coûts de l’inaction en vue d’établir une méthodologie d’évaluation chiffrée” – Edité par Cerema. Bron – Mars 2025
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